[SÉCURITÉ ALIMENTAIRE] Les enjeux de la nouvelle Food Act
La nouvelle Food Act 2024 marque un tournant majeur pour l’industrie alimentaire mauricienne. En adoptant des normes internationales, en mettant l’accent sur la qualité nutritionnelle et la transparence, cette nouvelle législation vise à garantir la sécurité alimentaire et à améliorer la qualité des aliments disponibles sur le marché. Yousouf Gaungoo, responsable de la Mauritius Food Standards Agency (MFSA), nous aide ainsi à mieux comprendre les enjeux et défis de la nouvelle législation qui, dans les jours à venir, donnera force de loi aux amendements y relatifs à travers la promulgation des Food Regulations 2024. « Cette législation pose les bases d’un système alimentaire plus sûr et plus fiable. Grâce aux efforts de la MFSA et à la coopération des acteurs de l’industrie alimentaire, les consommateurs mauriciens pourront faire des choix alimentaires plus éclairés et plus sains », fait-il comprendre. Décryptage.
Une des principales raisons pour lesquelles l’ancienne législation a été remplacée par la nouvelle Food Act 2024 est l’adoption de normes internationales. Avec cette réforme, Maurice se positionne comme un leader dans la région en matière de sécurité alimentaire, tout en s’assurant que les aliments sur le marché répondent aux normes les plus élevées de sécurité et de qualité nutritionnelle. Selon Yousouf Gaungoo, la plupart des normes verticales seront supprimées, en se concentrant davantage sur les normes horizontales. Les normes verticales concernent des standards spécifiques à certains produits alimentaires, tandis que les normes horizontales s’appliquent à toutes les catégories d’aliments. Cette approche permet d’encourager l’innovation au sein de l’industrie alimentaire tout en améliorant l’allocation des ressources pour garantir une meilleure sécurité alimentaire. En se basant sur les standards du Codex Alimentarius, un recueil de normes internationalement reconnues, la nouvelle législation assure une cohérence entre les mesures réglementaires nationales et internationales. Ce qui, dit-il, favorise non seulement la sécurité alimentaire, mais également la suppression de barrières « inutiles » au commerce.
Qualité nutritionnelle et contrôle
La qualité nutritionnelle des aliments est un aspect central de la nouvelle loi. Par exemple, des contrôles plus stricts seront imposés sur le niveau de sel, d’acides gras saturés et trans dans les produits alimentaires. « Les opérateurs du secteur alimentaire devront ainsi divulguer plusieurs composants nutritionnels et leurs niveaux pour permettre au consommateur de choisir ce qui est le meilleur pour sa santé », explique l’Officer-In-Charge de la MFSA, « cette transparence accrue est essentielle pour lutter contre les maladies non transmissibles qui sont en hausse dans le pays. »
La Food Act 2024 prévoit également des mesures rigoureuses pour contrôler les contaminants dans les aliments. Des normes ont été fixées pour les contaminants chimiques tels que les métaux lourds, les aflatoxines, les résidus de pesticides et les résidus de médicaments vétérinaires, ainsi que pour les contaminants microbiologiques. En outre, des normes strictes ont été établies pour l’environnement dans lequel les aliments sont préparés, manipulés et emballés.
Normes et directives
Le Codex Alimentarius joue un rôle crucial dans l’élaboration des normes et des directives de la nouvelle Food Act. Les normes du Codex, élaborées par consensus entre les pays membres, équilibrent la sécurité des aliments et le commerce alimentaire. En alignant les normes locales sur celles du Codex, le nouveau cadre légal permet de gagner sur deux fronts : protection de la santé humaine et facilitation du commerce international des aliments.
Approche et défis
La nouvelle législation alimentaire aborde également de manière exhaustive les défis liés à la sécurité alimentaire dans le pays. Étant donné que le pays importe plus de 70% du volume de nourriture consommée, les normes internationales adoptées facilitent l’accès des aliments importés sur le marché mauricien, mais assurent avant tout un meilleur contrôle en matière de qualité. En effet, tous les aspects de la sécurité alimentaire, allant des matières premières jusqu’à l’emballage des produits finis sont pris en compte. Elle fixe des normes pour contrôler les niveaux de contaminants chimiques et microbiologiques, assurant ainsi que les aliments sont sûrs à consommer. Sur le plan transparence et responsabilité, qui sont des piliers de la nouvelle législation, les opérateurs du secteur alimentaire devront y adhérer, notamment pour ce qui est des informations qu’ils fournissent sur les aliments. L’étiquetage des aliments préemballés, par exemple, est un moyen clé pour avancer dans ce sens. Les informations obligatoires incluent le nom de l’aliment, la source de la graisse comestible d’origine animale, la liste des ingrédients, le pays d’origine, la présence d’alcool, les additifs alimentaires, la durée de conservation, la date de fabrication ou le numéro d’identification du lot, et la présence d’OGM ou d’allergènes.
« La Section 5 de la Food Act 2024 détaille clairement les responsabilités des opérateurs du secteur alimentaire. Ils ne doivent pas fabriquer, importer, stocker, vendre ou distribuer des aliments non sûrs, de qualité inférieure, mal étiquetés, ou non conformes aux termes imposés par les autorités. En cas de non-conformité ou de danger potentiel, les opérateurs sont tenus de retirer les produits du marché et d’en informer le ministère de la Santé et du Bien-être », souligne Yousouf Gaungoo.
Traçabilité et conformité
Pour renforcer la traçabilité des produits alimentaires tout au long de la chaîne d’approvisionnement, les nouvelles régulations exigent l’impression de la date de fabrication ou du numéro d’identification du lot sur l’étiquette ou l’emballage. Le nom et l’adresse du fabricant, de l’importateur, de l’emballeur ou du distributeur doivent également être inclus, permettant ainsi une traçabilité complète des produits alimentaires. La MFSA jouera, de ce fait, un rôle central dans la mise en œuvre et le respect de la nouvelle loi. Des formations pour les opérateurs du secteur alimentaire seront organisées pour assurer une compréhension et une conformité complètes aux nouvelles régulations, souligne Yousouf Gaungoo.
Les éléments que les opérateurs du secteur alimentaire sont tenus de divulguer selon la nouvelle Food Act 2024 :
• le nom de l’aliment, qui doit refléter la vraie nature de l’aliment ;
• si une substance a été ajoutée ou extraite ;
• la source de graisse comestible d’origine animale, le cas échéant ;
• la liste des ingrédients ;
• le pays d’origine ;
• le nom et l’adresse du fabricant ;
• la présence d’alcool si plus de 0,5% ;
• les additifs alimentaires, le cas échéant ;
• la durée de conservation ;
• la date de fabrication ou le numéro d’identification du lot ;
• si traité par ionisation ;
• si contient des ogm ;
• si contient du bœuf ou du porc, ou leurs dérivés ;
• la présence d’allergènes ; et
• les composants nutritionnels et leurs quantités.