[ONG] SACIM : Une assistance inestimable aux enfants inopérables ou en situation d’urgence
La récente visite de la pilote commerciale Pallavee Appigadoo de l’Afrique du Sud à Maurice, a permis de mettre en lumière la Society for Aid to Children Inoperable in Mauritius (SACIM), une organisation non gouvernementale, qui existe depuis plus de 50 ans à Maurice.
Le comité de la SACIM est reconstitué chaque année lors de l’assemblée générale. Il est composé de membres bénévoles et cette année, il comprend quatre médecins, un avocat, une pharmacienne, une esthéticienne et des anciens hauts cadres de la fonction publique, un directeur général et un enseignant. Cette année, le comité est particulièrement heureux d’accueillir, au sein du comité, 3 anciens patients ayant bénéficié des soins par la SACIM durant leur enfance.
Comme son nom l’indique, la société apporte de l’aide aux familles mauriciennes dont l’enfant présente une condition non-opérable à Maurice, mais qui peut être soigné dans un centre spécialisé à l’étranger.
Très présente dans l’actualité ces derniers temps, en grande partie grâce au soutien financier de la SACIM, Pallavee Appigadoo a pu réaliser ses rêves. MÉTRO PRESSE en a profité pour approcher l’ONG, en vue de mieux connaître sa mission. Pour ce faire, le comité a désigné comme porte-parole de la SACIM, le Dr François Leung Kune Chong, Vice-Président de la SACIM, pédiatre libéral et membre du comité exécutif depuis une trentaine d’années. Éclairages.

Dr Leung, qu’est-ce qui est à l’origine de la création de la SACIM ?
Autrefois, beaucoup d’interventions chirurgicales complexes n’étaient pas réalisables à Maurice et la plupart des gens n’avaient pas des moyens financiers pour accéder à un traitement à l’étranger. En 1967, la société SACIM a été fondée par feue Dr Julia Maigrot, première pédiatre ayant exercé à Maurice, pour venir en aide aux familles démunies et faire opérer leur enfant dans un centre spécialisé à l’étranger. En 1968, le premier enfant fut envoyé en Afrique du Sud pour traitement chirurgical d’une malformation cardiaque cyanogène.
Quels défis avez-vous eus à relever ?
Les premiers défis étaient bien évidemment de lever les fonds nécessaires pour pouvoir financer le traitement. Certaines compagnies et certains donneurs anonymes ont contribué à la collecte de fonds. Je me souviens qu’à cette époque où j’étais élève à l’école primaire, on y faisait une quête pour faire opérer un enfant souffrant de « maladie bleue » et les élèves apportaient leur soutien en donnant une pièce de 5 sous. Cela m’a certainement laissé une empreinte indélébile et à mon retour, j’ai intégré l’organisation assez rapidement, pour y apporter mon aide.
Actuellement les défis sont différents. Le gouvernement envoie des patients, inopérables à Maurice, pour des interventions à l’étranger, ce qui est à son honneur. Cependant, on a encore des cas complexes qui sont toujours en attente d’opération et c’est la raison pour laquelle la SACIM doit continuer à œuvrer.
Que fait exactement la SACIM ?
Son objectif est d’aider les familles dont les enfants ont besoin d’une intervention chirurgicale non-réalisable à Maurice, de les envoyer à l’étranger pour un traitement. Depuis quelques années, certaines de ces interventions sont pratiquées à Maurice par des chirurgiens compétents dans des centres ayant le personnel médical et les infrastructures adéquates. Si bien qu’en 2021, la constitution de la Société a été amendée, permettant ainsi la réalisation de certaines interventions complexes à Maurice, notamment dans les cas d’urgences néonatales.
Une fois le dossier accepté par le comité à la réunion mensuelle, la SACIM commence à entreprendre les démarches nécessaires, notamment auprès des centres chirurgicaux choisis par le comité. Si l’enfant doit être envoyé à l’étranger, la SACIM s’organise aussi auprès des ambassades pour l’obtention des visas pour l’enfant malade et un accompagnant (généralement la mère), ainsi qu’auprès de la compagnie aérienne nationale pour l’achat des tickets d’avion pour les deux personnes.
Qui sont ceux qui sont éligibles ? Y a-t-il un barème financier qui entre en jeu ?
L’enfant doit avoir la nationalité mauricienne, issu d’une famille démunie et âgée de moins de 18 ans au moment d’être référé à la SACIM. La SACIM s’engage à prendre en charge les frais du traitement chirurgical, d’hébergement du malade et de son accompagnant, des visas et la nourriture jusqu’à Rs 500 000. L’aide est accordée aux familles dont les revenus combinés des deux parents n’excèdent pas Rs 100 000 mensuellement.
Une enquête menée par un agent de probation est, bien évidemment, requise.
Quelles sont les maladies et le nombre d’enfants que la SACIM a aidé à ce jour ?
La SACIM a aidé à faire opérer de nombreuses pathologies, notamment des pathologies cardiaques, ophtalmiques, orthopédiques, neurochirurgicaux, urologiques, stomatologiques, ORL etc.
À ce jour, la SACIM a aidé 753 enfants en 948 prises en charge. De ces 753 enfants, 28 ont été traités localement et 5 ont été opérés à l’étranger et à Maurice. Certains enfants présentaient des malformations complexes nécessitant plus d’une opération, expliquant ainsi la différence entre le taux des prises en charge par rapport au nombre d’enfants traités.
Enfin, comment se passe la première étape, une fois qu’un parent a pris contact avec la société ?
L’enfant est généralement référé à la SACIM par son médecin traitant, qui doit déterminer la non-opérabilité de l’enfant à Maurice. L’enfant est ensuite examiné par deux médecins du comité qui doivent approuver la nécessité du traitement chirurgical spécialisé et le cas est ensuite discuté à la réunion mensuelle du comité. Une fois le cas approuvé, les démarches sont aussitôt entreprises par la SACIM.
Lorsqu’une extrême urgence chirurgicale est présentée (notamment dans les cas d’urgences chirurgicales néonatales), le patient est examiné rapidement par les médecins du comité et la décision est prise avec l’accord de la majorité des membres du comité, par voie virtuelle.
D’après notre lecture, vous proposez non seulement un soutien financier, mais tout un accompagnement derrière. Expliquez-nous cela.
Lorsque l’enfant est pris en charge par la SACIM, il est accompagné par un membre du comité jusqu’à l’aéroport, le jour de son départ pour l’étranger. Durant son séjour à l’étranger, la SACIM reste en communication avec l’équipe soignante et reçoit des nouvelles concernant la santé de l’enfant. À son retour à Maurice, il est reçu par un membre du comité et on s’assure que le traitement médical sera correctement poursuivi à domicile. Dans les jours suivants, l’enfant est vu par un médecin du comité, qui écrira ensuite au chirurgien traitant concernant l’état post-opératoire. L’enfant est suivi médicalement de façon régulière par un médecin de SACIM et des actions sont prises en cas de nécessité.
Une note pour conclure…
La SACIM comprend des personnes de bonne volonté, reçoit un financement de la part du gouvernement et des personnes qui nous font confiance et notre objectif est de continuer à alléger la souffrance des patients et leur permettre de mener une vie normale ultérieurement.