[METRO TALK] À coeur ouvert avec Billygane
Pour cette dernière édition de MÉTRO PRESSE, nous avons dialoguéavec Bilygane, le chanteur et gagnant du MMA Music Awards et dont le titre « Ki zot problem » tourne en boucle sur YouTube et sur les radios. Le jeune homme de Camp Levieux, âgé de 31 ans et père de la petite Jamaica,revient sur son enfance jusqu’à devenir la personne qu’il est aujourd’hui. Il soutient que c’est grâce à l’encadrement et au soutien de plusieurs formateurs œuvrant auprès des jeunes qu’il a rencontrés durant son adolescence, qu’il est « tombé dans le bonheur de la musique » au lieu des fléaux qui guettent notre jeunesse.
Bilygane, bienvenue à bord du métro. Etes-vous un habitué ?
Oui, mais pas de manière régulière. Je prends le tram, surtout vers les 16h - 17h quand je suis pressé, afin de ne pas être en retard à mes rendez-vous. Cependant, ce serait trop top si le métro passait du nord au sud et vice-versa.
Vous êtes un artiste qu’on ne présente plus...vos chansons, en particulier, « Ki zot problem » car- tonnent. Au-delà du rythme, c’est un message fort que vous trans- mettez. On dirait même que c’est
un véritable cri de cœur. Quel a été l’élément déclencheur derrière cette chanson ?
J’ai souhaité transcrire la souffrance de tout un peuple en tant qu’un enfant issu du « ghetto ». J’avais un « sad feeling » et à un moment donné, je ne voulais plus rester au pays. J’aime tellement mon pays que cela me faisait un mal fou de voir cette souffrance. Et j’ai donc, voulu transmettre cette souffrance à travers ma voix et mon écriture. On entend de bouche à oreille et on voit ce qui se passe sur les réseaux sociaux. « Ki zot problem » est donc l’écho de tout ce ressenti. Je pense avoir dit tout haut ce que tout le monde pense et vit.
A-t-il été difficile de trouver les pa- roles justes ?
Pas du tout ! Les paroles ne sont que la réalité de ce que nous vivons. Tout ce que j’avais comme image en tête, je l’ai couché sur papier pour ensuite les mettre en chanson.
A-t-il été difficile de trouver les paroles justes ?
Pas du tout ! Les paroles ne sont que la réalité de ce que nous vivons. Tout ce que j’avais comme image en tête, je l’ai couché sur papier pour ensuite les mettre en chanson.
Comment vivez-vous cet accueil chaleureux réservé par le public en général, pas seulement ceux dont vous faites l’écho de leurs voix, en l’occurrence les zanfan site ?
Cela dégage de bons vibes et me donne du courage et démontre, encore une fois, que nous sommes un peuple uni et que l’apparte- nance à telle ou telle communauté importe peu. Pas plus tard que récemment, j’ai chanté dans une fonction où les gens étaient vêtus d’habits traditionnels. Pourtant, cela ne les a pas empêchés de chanter avec moi.
On pourrait dire que vous êtes un chanteur engagé, compte tenu de vos titres tels que
« Retourn mwa sa lepok-la » et dernièrement « Ki zot prob- lem ? »
Dans une certaine mesure oui, mais pas uniquement, car j’ai plusieurs chansons à mon actif qui traitent d’autres thématiques. En revanche, je fais beaucoup de recherches par rapport à ces thématiques, pour le choix des mots et surtout, je souhaite que mes chansons restent ancrées dans l’esprit du public. À titre d’exemple, « classifé ghetto kominote krepi », aurait pu être dit différemment mais j’ai souhaité dénoter ce stéréotype.
Peut-on savoir, qui est votre source d’inspiration ?
Dieu lui-même ! Je suis croyant et même si je n’adhère à aucune religion, je suis fasciné par le génie qu’est Dieu.
Il se pourrait que votre chanson soit élue « disque de l’année » dans la catégorie locale...
Si cela s’avère, je serais heureux certes ! Ce serait une réussite que j’attribuerais aux enfants de dockers flat d’où je suis issu et bien sûr, à mes musiciens, sans oublier ma famille et ma petite fille Jamaica, qui a 1 - an. Elle me pousse à me donner encore plus.
On n’oublie pas non-plus « Retourn mwa sa lepok la »... comment avez-vous vécu ce suc- cès phénoménal ?
Cela m’a rendu joyful ! J’avais toutefois peur que quelqu’un, un jour, vienne me dire que j’ai pris la grosse tête. Je fais en sorte que cela n’arrive pas et j’ai réussi.
Bilygane, êtes-vous partant pour révéler votre vrai nom et comment vous êtes venu avec ce nom d’artiste ?
Of course ! Les amis de mon père l’appelaient Bilygane d’après l’acteur qui jouait le rôle d’un capitaine de bateau dans une série. Du coup, comme je ressemble à mon père, on m’a surnommé Ti Bilygane.
De là, j’ai grandi et je suis devenu Bilygane. Pour répondre à votre première question, mon nom est Ludovic Louis et j’ai grandi dans les dockers flats et le dockers village à Baie du Tombeau.
Qui êtes-vous dans la vraie vie lorsque vous n’êtes pas sur scène ?
Je fais de la musique tout le temps.
Racontez-nous votre enfance et votre début dans la musique ...
J’ai grandi avec ma mère et mes deux sœurs. Ma mère nous a quittés lorsque j’avais 15 ans. De là, je suis allé vivre avec mon oncle maternel qui m’a bien encadré. C’est un peu grâce à ma souffrance que je me suis tourné vers la musique. J’ai, malheureusement, des amis qui sont tombés dans de vrais fléaux.
Il y avait une religieuse, Sœur Marie Thérèse, qui s’occupait des enfants. Elle était d’une autre trempe. C’est elle qui m’a initié à la musique.
De là, grâce a deux professeurs, j’ai appris en jouant de la guitare et en travaillant mon vocal. C’est comme cela que j’ai commencé et par la suite, j’ai eu l’occasion de faire partie de la chorale de Linzy Bacbotte. Il y a eu aussi un album avec d’autres artistes en 2015 qui n’a pas eu le succès escompté. En- suite, j’ai signé avec le label « Island Framework » avant de décider de voler de mes propres ailes avec ma signature (musicale) ‘Billy billy re re pli moV»
Dans un passé récent, j’ai également occupé plusieurs postes dans des centres d’appel. D’ailleurs,
j’y ai beaucoup appris. C’est de là aussi que je puise le sens profond des mots pour mes chansons. On ne cesse jamais d’apprendre mais je pense être suffisamment instruit pour faire de la bonne musique.
Nous sommes presque arrivés à destination. Comment avez- vous trouvé le trajet Rose Hill/ Réduit durant cet entretien ?
C’était bien, merci. Cool. Tranquille. J’ai bien aimé ce brin de causette tout comme le trajet...
Un mot de la fin pour vos nombreux fans qui vous liront très prochainement...
Je vous dis merci et vous demande de continuer à soutenir tous les artistes. « Kontign donn nou bon vibrasion. Kan bon bizin dir bon ; kan pa bon bizin osi kapav dir pa bon ». À la prochaine...